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comme il le pouvait le doigt qu’il s’était enfoncé à une telle profondeur.

Cependant, peut-être notre Perpignanais se sentait-il un peu ébranlé… Ce rossard d’Agathocle qui ne faisait aucun progrès… Les Désirandelle qui s’avisaient de lui battre froid, à lui, comme s’il eût été responsable des idées de Marcel Lornans, en admettant qu’elles fussent telles… Certains menus faits qui lui revinrent à la mémoire… Enfin il se promit d’ouvrir l’œil et le bon.

Ce matin-là, pendant le déjeuner, Clovis Dardentor ne remarqua rien de suspect. Négligeant un peu Marcel Lornans, il reporta toutes ses aménités sur Jean Taconnat, son « dernier sauvetage », qui répondait mollement.

Quant à Louise Elissane, elle se montra très affectueuse pour lui, et peut-être soupçonna-t-il enfin qu’elle était bien trop charmante pour ce niais dont on voulait faire son mari… et qu’ils semblaient s’accorder comme le sucre et le sel…

« Monsieur Dardentor ?… dit Mme  Désirandelle, lorsqu’on fut au dessert.

— Excellente amie… répondit M. Dardentor.

— Il n’y a pas de chemin de fer entre Tlemcen et Sidi-bel-Abbès ?…

— Si… mais il est en construction…

— C’est regrettable !

— Et pourquoi ?…

— Parce que M. Désirandelle et moi, nous eussions préféré le prendre pour retourner à Oran…

— Par exemple ! s’écria Clovis Dardentor. La route est superbe jusqu’à Sidi-bel-Abbès ! Aucune fatigue à craindre… ni aucun danger… pour personne… »

Et il sourit à Marcel Lornans qui ne vit pas son sourire, et à Jean Taconnat, dont les dents grincèrent comme si elles avaient envie de le mordre.

« Oui, reprit M. Désirandelle, nous sommes très éprouvés par le