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semble que ça ne va guère !… Que diable ! il faut qu’il pousse sa pointe !

— Que voulez-vous, Dardentor, répondit M. Désirandelle, c’est un garçon si discret… dans la réserve de qui…

— Dans la réserve ! s’écria le Perpignanais qui sauta sur le mot. Allons donc ! il n’est pas même dans la territoriale ! Voyons, est-ce qu’il ne devrait pas toujours être à côté de votre voiture, le flemmard, et, pendant les haltes, s’occuper de sa fiancée, lui parler gentiment, lui faire compliment sur sa bonne humeur et sa bonne mine… enfin tout le chapelet des riens qu’on dévide aux jeunes filles ?… Il n’ouvre pas le bec, ce satané Agathocle !…

— Monsieur Dardentor, répliqua Mme  Désirandelle, voulez-vous que je vous dise quelque chose, moi… tout ce que j’ai sur le cœur ?…

— Allez-y, chère dame !…

— Eh bien ! vous avez eu tort d’amener avec vous ces deux Parisiens !…

— Jean et Marcel ?… répondit le Perpignanais. D’abord, je ne les ai point amenés, et ils se sont amenés tout seuls !… Personne ne pouvait les empêcher…

— Tant pis, car c’est très fâcheux !

— Et pourquoi ?…

— Parce que l’un d’eux fait plus attention qu’il ne convient à Louise… et Mme  Elissane n’est pas sans avoir remarqué cette attitude !…

— Et lequel ?…

— Ce monsieur Lornans… ce fat… que je ne puis souffrir !

— Ni moi ! ajouta M. Désirandelle.

— Quoi ! s’écria Dardentor, mon ami Marcel… celui que j’ai arraché aux flammes tourbillonnantes… »

Mais il conserva la fin de la phrase in petto.

« Voyons, mes amis, reprit-il, cela ne tient pas debout !… Marcel Lornans ne s’occupe pas plus de notre chère Louise qu’un hippopotame d’un bouquet de violettes !… L’excursion terminée, Jean Taconnat et lui reviendront à Oran, où ils doivent s’engager au