Page:Verne - Clovis Dardentor, Hetzel, 1900.djvu/198

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Non, ma chère demoiselle… et c’est plutôt moi qu’il doit trouver d’une dureté… un marbre des Pyrénées, quoi ! »

À ce moment, les cavaliers s’étaient rapprochés des chars à bancs et ils échangèrent divers propos. Marcel Lornans et Jean Taconnat purent causer avec Mme  Elissane et sa fille, au grand ennui des Désirandelle qui ne cessaient de surveiller Agathocle, en discussion parfois avec son mulet.

« Prends garde de tomber ! lui recommandait sa mère, lorsque ledit mulet se jetait de côté par un écart brusque.

— S’il tombe, il se ramassera ! répondait M. Dardentor. Allons, Agathocle, tâche de ne pas te faire décrocher…

— J’aurais préféré le voir prendre place dans la voiture, répétait M. Désirandelle.

— Eh bien !… où va-t-il donc ? s’écria soudain notre Perpignanais. Est-ce qu’il retourne à Saïda ?… Hé !… Agathocle… tu fais fausse route, mon garçon ! »

En effet, malgré les efforts de son cavalier, le mulet, détalant d’un pas sautillant et rébarbatif, rebroussait chemin, sans vouloir rien entendre.

Il fallut s’arrêter quelques minutes, et Patrice fut dépêché par son maître avec ordre de ramener la bête.

« À qui s’applique cette qualification ?… demanda Jean Taconnat à mi-voix, au cavalier ou à sa monture ?…

— À tous les deux, murmura Marcel Lornans.

— Messieurs… messieurs… un peu d’indulgence ! » répondit M. Dardentor, qui réprimait difficilement son envie de rire.

Mais, très certainement, Louise entendit le propos, et il n’est pas impossible qu’un léger sourire se soit dessiné sur ses lèvres.

Enfin, les inquiétudes de Mme  Désirandelle se calmèrent. Patrice avait promptement rejoint Agathocle et ramené le récalcitrant animal.

« Ce n’est pas ma faute, dit le nigaud, j’avais beau tirer…

— Tu ne t’en tirais pas ! » riposta M. Dardentor, dont les reten-