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— Moi ?…

— Oui… toi !… Et te vois-tu courtisant Mlle  Elissane… ayant un fort sac à la main au lieu du galon de cavalier de première classe, écrasant Agathocle de ta supériorité pécuniaire !… sans parler de l’influence que ton nouveau père, qui est ensorcelé de Mlle  Louise, mettrait à ta disposition !… Ah ! il n’hésiterait pas, lui, à en faire sa fille adoptive, si la providence voulait qu’elle le sauvât d’un combat, des flots ou des flammes !

— Tu déraisonnes !

— Je déraisonne avec tout le sérieux d’une raison transcendante, et je te donne un bon conseil.

— Voyons, Jean, tu avoueras, du moins, que j’ai bien mal commencé ! Comment, voilà un incendie qui se déclare dans le train, et non seulement ce n’est pas moi qui sauve M. Dardentor, mais c’est M. Dardentor qui me sauve…

— Eh ! parbleu, Marcel, la déveine… la désobligeante déveine !… Et, j’y pense, c’est toi qui serais maintenant dans les conditions voulues pour adopter le Perpignanais !… Au fait, ça reviendrait au même !… Adopte-le, et il dotera son père…

— Impossible ! déclara Marcel Lornans en riant.

— Pourquoi ?…

— Parce qu’il faut, dans tous les cas, que l’adoptant soit plus âgé que l’adopté, ne fût-ce que de quelques jours.

— Ah ! guigne de guigne, ami Marcel, comme tout marche à rebours, et qu’il est donc difficile de se procurer une paternité par des moyens juridiques ! »

En ce moment, une voix sonore retentit dans le couloir sur lequel s’ouvrait la chambre.

« C’est lui ! » dit Jean Taconnat.

Clovis Dardentor parut, le verbe joyeux, le geste démonstratif, et ne fit qu’un bond du seuil au lit de Marcel Lornans.

« Comment, s’écria-t-il, pas encore levé ?… Est-ce qu’il est malade ?… Est-ce que sa respiration manque d’ampleur et de régula-