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tement que ce nigaud lui procurait, regardait M. Dardentor de ses beaux yeux déconcertés, tandis que Mme  Désirandelle disait pour encourager son fils :

« Est-il gentil ? »

Et M. Désirandelle amplifiant :

« Et comme il l’aime ! »

Évidemment, Clovis Dardentor se défendait de rien voir. À son avis, le mariage étant décidé, c’était comme s’il eût été fait, et il ne lui venait pas à l’esprit qu’il pût ne pas se faire.

Le lendemain, toujours frais, jovial, rayonnant, dispos, Clovis Dardentor se rencontra devant la tasse de chocolat avec les deux Parisiens.

Et, tout d’abord, il leur apprit qu’ils devaient passer la soirée ensemble chez Mme  Elissane.

« Une excellente idée que vous avez eue là de nous présenter, répondit Marcel Lornans. Pendant notre séjour de garnison, nous aurons au moins une maison agréable…

— Agréable… très agréable ! répondit Clovis Dardentor. Il est vrai, après le mariage de Mlle  Louise…

— C’est juste, dit Marcel Lornans, il y a le mariage…

— Auquel vous serez invités, mes jeunes amis…

— Monsieur Dardentor, répondit Jean Taconnat, vous nous comblez… Je ne sais comment nous pourrons jamais reconnaître… Vous nous traitez…

— Comme mes enfants !… Eh bien ! est-ce que mon âge ne me permettrait pas d’être votre père ?…

— Ah ! monsieur Dardentor, monsieur Dardentor ! » s’écria Jean Taconnat d’une voix qui disait tant de choses.

La journée entière fut employée à parcourir la ville. Ce trio de touristes arpenta ses principales promenades, la promenade de Turin, plantée de beaux arbres, le boulevard Oudinot et sa double rangée de bella-ombra, la place de la Carrière, celles du Théâtre, d’Orléans, de Nemours.