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Clovis Dardentor aurait volontiers sacrifié quelques douros pour apercevoir dans toute sa splendeur ce personnage, dont le guide parlait avec une vanité vraiment baléarienne ; mais ledit personnage n’était pas visible.

Une heure était déjà dépensée sur les six accordées à la relâche. Si l’on voulait faire la promenade au château de Bellver, il convenait de se hâter.

Donc, par un enchevêtrement de rues et de carrefours, où Dédale se fût perdu même avec le fil d’Ariane, le guide remonta de la place de Cort à la place de Mercado, et, cent cinquante mètres plus loin, les touristes débouchèrent sur la place du Théâtre.

Clovis Dardentor put faire alors quelques emplettes, une couple de majoliques à un prix suffisamment rémunérateur. Patrice, ayant reçu l’ordre de rapporter ces divers objets à bord du paquebot et de les déposer, à l’abri de tout choc, dans la cabine de son maître, redescendit vers le port.

Au-delà du théâtre, les visiteurs prirent une large voie, le paseo de la Rambla, qui, sur une longueur de trois mille mètres, va rejoindre la plaza de Jésus. Le paseo est bordé d’églises, de couvents, entre autres le couvent des religieuses de la Madeleine, qui fait face au quartier de l’infanterie.

Au fond de la place de Jésus se découpe la porte de ce nom, percée dans la courtine bastionnée, au-dessus de laquelle se tendent les fils télégraphiques. De chaque côté, des maisons toutes coloriées par les bannes des balcons ou les persiennes verdâtres des fenêtres. À gauche, quelques arbres, agrémentant ce joli coin de place ensoleillé de la lumière après-midienne.

À travers la porte grande ouverte apparaissait la plaine verdoyante, traversée d’une route qui s’abaisse vers le Terreno et conduit au château de Bellver.