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où la disposition flamboyante des fenêtres et des rosaces laisse pressentir les fantaisies prochaines de la Renaissance. Des statues peuplent ses niches latérales, et son tympan reproduit, entre les guirlandes de pierre, des scènes bibliques finement dessinées, d’une naïve et délicieuse composition.

Lorsqu’on se trouve devant la porte d’un édifice, la pensée vient tout d’abord que l’on pénètre dans cet édifice par cette porte. Clovis Dardentor se disposait donc à repousser l’un des battants, quand le guide l’arrêta.

« Le portail est muré, dit-il.

— Et pour quelle raison ?…

— Parce que le vent du large s’y engouffrait d’une telle violence que les fidèles pouvaient se croire déjà dans la vallée de Josaphat sous les coups de la tempête du Jugement dernier. »

Une phrase que le guide servait invariablement à tous les étrangers, phrase dont il était très fier, et qui plut à Patrice.

En contournant le monument, achevé en 1601, on put en admirer l’extérieur, ses deux flèches très ornementées, ses multiples pinacles assez frustes, dressés à chaque angle des arcs-boutants. Cette cathédrale, en somme, rivalise avec les plus renommées de la péninsule Ibérique.

On entra par la porte majeure, ménagée au milieu de la façade principale.

Très sombre au-dedans, cette église, comme toutes celles de l’Espagne. Pas une chaise ni dans la nef ni dans les bas-côtés. Ça et là quelques rares bancs de bois. Rien que les froides dalles sur lesquelles les fidèles s’agenouillent — ce qui donne un caractère particulier aux cérémonies religieuses.

Clovis Dardentor et les deux jeunes gens remontèrent la nef entre sa double rangée de piliers, dont les arêtes prismatiques vont se souder à la retombée de la voûte. Ils allèrent ainsi jusqu’à l’extrémité du vaisseau. Il y eut lieu de s’arrêter devant la chapelle royale, d’admirer un retable magnifique, de pénétrer dans le chœur, qui est