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vue des jetées, il ne faut pas en conclure qu’il est perdu. Que la liberté de Kinko soit compromise, au cas que mon intervention et celle de nos compagnons de voyage seraient inefficaces, d’accord. Il est vivant, et c’est l’essentiel.

Du reste, il n’y a pas à différer d’une heure, car si la police laisse à désirer en Chine, du moins est-elle prompte et expéditive. Aussitôt pris, aussitôt pendu, et il ne faut pas que l’on pende Kinko… même au figuré.

J’offre donc mon bras à Mlle Zinca Klork, je la conduis à ma voiture, et nous revenons tous deux rapidement vers l’Hôtel des Dix mille Songes.

Là, je retrouve le major Noltitz, M. et Mme Caterna, et, par le plus heureux hasard, le jeune Pan-Chao, débarrassé du docteur Tio-King, cette fois. Pan-Chao ne demandera pas mieux que de se faire notre interprète vis-à-vis des autorités chinoises.

Et alors, devant l’éplorée Zinca, j’apprends à mes compagnons tout ce qui est relatif à son fiancé, dans quelles conditions a voyagé Kinko, et comment j’ai fait sa connaissance en route. Je leur dis que s’il a fraudé la Compagnie du Transasiatique, c’est grâce à cette fraude qu’il a pu prendre le train à Ouzoun-Ada. Et, s’il ne l’avait pas pris, nous serions actuellement engloutis dans les abîmes de la vallée de Tjou…

Et je précise les faits que je suis seul à connaître : C’est moi qui ai surpris ce bandit de Faruskiar au moment où il allait accomplir son crime, mais c’est Kinko qui, au péril de sa vie, avec un sang-froid et un courage surhumains, a chargé de combustible le foyer de la locomotive, s’est suspendu aux leviers des soupapes, a produit l’arrêt du train en faisant sauter la machine.

Quelle explosion de Oh ! de Ah ! exclamatifs, lorsque j’ai achevé mon récit, et, dans un élan de reconnaissance un peu cabotine, notre trial de crier :

« Hurrah pour Kinko… Qu’on le décore ! »

En attendant que le Fils du Ciel octroie à ce héros un