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— Kinko… mon pauvre Kinko… on l’a trouvé ?… répond-elle d’une voix tremblante.

— Non… non… dis-je en hésitant. Personne n’a su, si ce n’est moi… Et je lui ai rendu souvent visite dans le fourgon… la nuit… Nous sommes devenus deux compagnons… deux amis… Je lui portais quelques provisions…

— Oh ! merci, monsieur ! dit Mlle Zinca Klork en me prenant les mains. Avec un Français, Kinko était sûr de n’être point trahi, et même de recevoir assistance !… Merci… merci ! »

Je me sens de plus en plus effrayé de ce que j’ai la mission d’apprendre à cette jeune fille.

« Et personne n’a jamais soupçonné la présence de mon cher Kinko ?… me demande-t-elle.

— Personne.

— Que voulez-vous, monsieur, nous ne sommes pas riches… Kinko était sans argent… là-bas… à Tiflis… et je n’en avais pas encore assez pour lui envoyer le prix du voyage… Mais enfin le voici… il se procurera du travail, car c’est un bon ouvrier, et dès que nous pourrons rembourser la Compagnie…

— Oui… je sais… je sais…

— Et puis, nous allons nous marier, monsieur… Il m’aime tant, et je le lui rends bien !… C’est à Paris que nous avons fait connaissance, — deux pays comme vous dites là-bas… Il était si obligeant pour moi !… Alors, quand il a été de retour à Tiflis, je l’ai tant prié de venir qu’il a imaginé de s’enfermer dans une caisse… Le pauvre garçon, devait-il être mal !…

— Mais non, mademoiselle Zinca… mais non…

— Ah ! que je serai heureuse de payer le port de mon cher Kinko…

— Oui… payer le port…

— Cela ne peut tarder maintenant ?…

— Non… et dans l’après-midi… sans doute… »

Je ne sais plus que répondre.