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le trésor impérial contre Ki-Tsang, ce n’était que pour l’arracher à ce chef de bandits qui avait arrêté le train, et dont l’attaque venait déranger ses criminels projets !… Voilà pourquoi il s’était si bravement battu !… Voilà pourquoi il avait risqué sa vie, pourquoi il s’était conduit en héros !… Et toi, pauvre bête de Claudius, qui t’es laissé prendre !… Encore un impair !… Allons tu feras bien de soigner cela, mon ami !

Avant tout, il faut empêcher ce coquin d’accomplir son œuvre… Il faut sauver le train qui est lancé à toute vitesse vers le viaduc inachevé… Il faut sauver les voyageurs qui courent à une épouvantable catastrophe… Du trésor que Faruskiar et ses complices espèrent s’emparer après l’anéantissement du train, je me moque comme d’une vieille chronique !… Mais les voyageurs et moi… c’est autre chose…

Je veux rejoindre Popof… Impossible… il semble que je sois cloué au plancher du fourgon… Ma tête se perd…

Est-il donc vrai que nous roulions vers l’abîme… Non !… Je suis fou !… Faruskiar et ses complices y seraient précipités… Ils partageraient notre sort… ils périraient avec nous !

En ce moment, des cris retentissent à l’avant du train, — des cris de gens qu’on tue… Pas de doute !… Le mécanicien et le chauffeur viennent d’être égorgés, et je sens que la vitesse du train commence à diminuer…

Je comprends… l’un de ces misérables sait manœuvrer une machine, et le ralentissement va leur permettre de sauter sur la voie, de s’enfuir avant la catastrophe…

Enfin je parviens à vaincre ma torpeur… Trébuchant comme un homme ivre, c’est à peine si j’ai la force de ramper jusqu’à la caisse de Kinko. Là, en quelques mots, je lui apprends ce qui s’est passé, et je m’écrie :

« Nous sommes perdus…

— Non… peut-être », répond-il.

Avant que j’aie pu faire un mouvement, Kinko est sorti de la caisse,