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— La déclouer, monsieur Bombarnac ! Et mon panneau ?… Ah ! que j’aurai vite fait de sauter à travers mon panneau… »

Un épouvantable coup de tonnerre interrompt notre conversation. J’ai cru que le train allait être jeté hors des rails par la commotion de l’air. Je quittai donc le jeune Roumain et regagnai ma place à l’intérieur du wagon.

Le matin, — 26 mai, sept heures, — arrivée à la gare de Lan-Tchéou. Trois heures d’arrêt — trois heures seulement. Voilà ce que nous vaut l’attaque de Ki-Tsang. Allons, major Noltitz, allons, Pan-Chao, allons, M. et Mme Caterna, en route… Nous n’avons pas une minute à perdre.

Mais, au moment de quitter la gare, nous sommes arrêtés par l’apparition d’un grand, gros, gris, gras et grave personnage. C’est le gouverneur de la ville, en double robe de soie blanche et jaune, éventail à la main, ceinture à boucle, et mantille, — une mantille noire qui ferait meilleur effet sur les épaules d’une manola. Il est accompagné d’un certain nombre de mandarins à globules, et les Célestes le saluent en rapprochant leurs deux poings qu’ils meuvent de bas en haut avec inclinaison de la tête.

Ah ça ! que vient-il faire, ce monsieur-là ?… Est-ce encore quelque formalité chinoise ?… La visite des voyageurs et des bagages va-t-elle recommencer ?… Et Kinko que je croyais hors de toute complication…

Rien d’inquiétant, il ne s’agit que du trésor dont le Grand-Transasiatique est chargé pour le Fils du Ciel. Le gouverneur et sa suite se sont arrêtés devant le précieux wagon, verrouillé et plombé, et ils le regardent avec cette admiration respectueuse que l’on éprouve, — même en Chine, — devant un coffre-fort renfermant plusieurs millions.

Je demande alors à Popof ce que signifie la présence dudit gouverneur, et si cela nous regarde :

« En aucune façon, répond Popof. L’ordre est venu de Pékin de télégraphier l’arrivée du trésor. C’est ce que le gouverneur a fait, et