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Oh ! Labiche, auriez-vous jamais imaginé que cette adorable poésie charmerait un jour des voyageurs en détresse du Grand-Transasiatique !

Et puis, notre trial, — un peu lancé, je l’avoue, — a une idée… Et quelle idée !… Pourquoi ne reprendrait-on pas la cérémonie interrompue par l’attaque du train ?… Pourquoi ne procéderait-on pas à la célébration du mariage ?…

« Quel mariage ?… demande Fulk Ephrinell.

— Le vôtre, monsieur, le vôtre… répond M. Caterna. Est-ce que vous l’avez oublié ?… Elle est bien bonne, celle-là ! »

Le fait est que Fulk Ephrinell d’une part, miss Horatia Bluett, de l’autre, ne semblaient plus se rappeler que, sans l’agression de Ki-Tsang et de sa bande, ils seraient maintenant unis par les doux liens de l’hyménée.

Mais on est trop fatigué. Le révérend Nathaniel Morse n’en peut plus. Il n’aurait pas la force de bénir les époux, qui n’auraient pas la force de supporter sa bénédiction. On remettra la cérémonie au surlendemain. Entre Tcharkalyk et Lan-Tchéou, il y a neuf cents kilomètres de parcours, et c’est plus qu’il ne faut pour enchaîner solidement ce couple anglo-américain.

Chacun va donc chercher sur les couchettes ou sur les banquettes un sommeil réparateur. Toutefois, les règles de la prudence ne sont point négligées.

En effet, bien que cela paraisse improbable, puisque leur chef a succombé, les bandits pourraient tenter une attaque nocturne. Il y a toujours ces satanés millions du Fils du Ciel, qui doivent exciter leur convoitise, et si nous n’étions pas sur nos gardes…

Que l’on se rassure, c’est le seigneur Faruskiar en personne qui s’est chargé d’organiser la surveillance autour du train. Depuis la mort de l’officier, il a pris le commandement de l’escouade chinoise. Ghangir et lui doivent veiller sur le trésor impérial, et, comme le dit M. Caterna, qui n’est jamais à court de citations empruntées au répertoire de l’Opéra-Comique :