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disposition quelques outils, entre autres des crics, des leviers, des marteaux, des clefs anglaises. Aussi parvient-on, non sans peine, à replacer sur les rails le tender et la locomotive, après trois heures de travail.

Le plus difficile est fait. À présent, machine en arrière et à petite vitesse, le train va pouvoir revenir à Tchertchen. Mais que de temps perdu, que de retards ! Aussi quelles récriminations de notre baron allemand, que de donner vetter, de teufels et autres jurons germaniques s’échappent de sa bouche !

J’ai omis de dire qu’aussitôt la déroute des bandits, les voyageurs, moi le premier, nous avons tenu à remercier le seigneur Faruskiar. Ce héros a reçu nos remerciements avec toute la dignité d’un Oriental.

« Je n’ai fait que mon devoir d’administrateur de la Compagnie », a-t-il répondu non sans une modestie pleine de noblesse.

Puis, sur son ordre, les Mongols ont pris leur part de la besogne. J’ai même observé qu’ils déployaient une ardeur infatigable, — ce qui leur a valu nos sincères félicitations.

Entre temps, le seigneur Faruskiar et Ghangir se sont plusieurs fois entretenu à voix basse, et c’est de cet entretien qu’est née une proposition à laquelle personne ne s’attendait.

« Monsieur le chef du train, dit le seigneur Faruskiar en s’adressant à Popof, mon avis est que mieux vaudrait continuer notre route vers Tcharkalyk plutôt que de revenir en arrière, et cela dans l’intérêt urgent des voyageurs.

— Oui, sans doute, monsieur l’administrateur, répond Popof, cela serait préférable, si la voie n’était pas coupée du côté de Tcharkalyk, ce qui rend la circulation impossible…

— En ce moment, monsieur le chef du train. Mais les wagons ne pourraient-ils passer, si nous rétablissions la voie, ne fût-ce que d’une façon provisoire ? »

Voilà une proposition qui mérite d’être prise en considération. Aussi sommes-nous tous réunis pour la discuter, le major Noltitz,