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geurs, et non sur leurs bagages. Or, comme ce fourgon est spécialement réservé à ceux qui sont expédiés à Pékin, je pense que vous n’avez rien à craindre. Donc, bonne nuit. Par précaution, je ne veux pas prolonger ma visite…

— Bonne nuit, monsieur Bombarnac, bonne nuit ! »

Je suis sorti, j’ai regagné ma couchette, et ma foi, je n’ai même pas entendu le signal du départ, lorsque le train s’est mis en marche.

La seule station un peu importante que le railway a desservie avant le retour du soleil, est celle de Marghelân, où l’arrêt n’a été que de courte durée.

Marghelân, ville populeuse, — soixante mille habitants, — est en réalité la capitale du Ferganah. Cela tient à ce que Kokhan ne jouit pas d’une excellente réputation sous le rapport de la salubrité. La ville est, bien entendu, double, l’une russe, l’autre turkomène. Cette dernière, dépourvue de monuments antiques, n’offre rien de curieux, et mes lecteurs me pardonneront de n’avoir point interrompu mon sommeil pour l’honorer d’un coup d’œil.

En suivant la vallée de Schakhimardân, le train a retrouvé une sorte de long steppe, — ce qui lui a permis de reprendre son allure normale.

À trois heures du matin, halte de quarante-cinq minutes à la station d’Och.

Là encore j’ai failli à mes devoirs de reporter, et je n’ai rien vu. Mon excuse est qu’il n’y avait rien à voir.

Au delà de cette station, la voie ferrée atteint la frontière qui sépare le Turkestan russe du plateau de Pamir et du vaste pays des Kara-Kirghizes.

Cette portion de l’Asie centrale est incessamment tourmentée par le travail plutonien, qui trouble les entrailles du sol. À plusieurs reprises le Turkestan septentrional a subi de violentes secousses, — on n’a pas oublié le tremblement de terre de 1887, — et, à Tachkend comme à Samarkande, j’avais pu voir des