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« Monsieur, me dit-il, est-ce que deux Français vont aller de Bakou à Pékin sans faire connaissance ?

— Monsieur, ai-je répondu, lorsque je rencontre un compatriote…

— Qui est parisien, monsieur…

— Et, par conséquent, deux fois français, ai-je ajouté, je m’en voudrais de ne pas lui avoir serré la main ! Aussi, monsieur Caterna…

— Vous savez mon nom ?…

— Comme vous savez le mien, j’en suis sûr.

— Sans doute, monsieur Claudius Bombarnac, correspondant du XXe Siècle.

— À votre service, veuillez le croire.

— Mille remerciements, monsieur Bombarnac, et même dix mille, comme on dit en Chine, où nous nous rendons, madame Caterna et moi…

— Pour aller tenir à Shangaï les emplois de trial et de dugazon dans la troupe de la résidence française…

— Mais vous savez donc tout ?…

— Un reporter !

— C’est juste.

— J’ajouterai même, si je m’en rapporte à certaines locutions maritimes, que vous avez dû naviguer autrefois, monsieur Caterna…

— Je vous crois, monsieur le reporter. Ex-patron de chaloupe de l’amiral de Boissoudy à bord du Redoutable.

— Je me demande alors pourquoi vous, un marin, n’avez pas pris la voie de mer…

— Ah ! voilà, monsieur Bombarnac. Apprenez que madame Caterna, qui est sans conteste la première dugazon de province, et pas une ne lui passerait sur son avant — pardon, habitude d’ancien matelot ! — pour les rôles de soubrette et les travestis, ne peut supporter la mer. Aussi quand j’ai eu connaissance du Grand-Transasiatique,