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dénouement très applaudi des spectateurs.

ouvrage, à qui une bonne bouteille de vodka et un demi-rouble ne feraient pas peur ? »

Après avoir jeté un coup d’œil à Kirschef, Ortik répondit :

« Cela se peut, monsieur Cascabel. Hier, au cabaret, nous avons précisément fait connaissance avec une demi-douzaine de braves gens…

— Amenez-les, Ortik, amenez-les ce soir, et je réponds de mon dénouement !

— C’est convenu, monsieur Cascabel.

— Parfait, mes amis !… Quelle représentation !… Quelle attraction pour le public ! »

Et, lorsque les deux marins furent partis, M. Cascabel fut pris d’une telle convulsion de rire que sa ceinture en cassa sur son ventre. Cornélia crut qu’il allait passer dans une syncope.

« César, il n’est pas prudent de rire comme cela, après déjeuner ! lui dit-elle.

— Moi ?… rire, ma bonne ?… Mais je n’en ai point envie !… Si je ris, c’est sans m’en apercevoir !… Au fond, je suis très triste !… Songe donc, il est une heure, et cet excellent M. Serge qui n’est pas encore de retour !… Et il ne sera pas là pour débuter comme escamoteur dans la troupe !… Quelle guigne ! »

Puis, tandis que Cornélia retournait à ses costumes, il sortit, afin de faire quelques courses qui lui paraissaient indispensables, se contenta-t-il de dire.

La représentation devait commencer à quatre heures — ce qui permettait d’économiser l’éclairage, lequel laissait à désirer au cirque de Perm. La jeune Napoléone n’était-elle pas assez fraîche, d’ailleurs, et sa mère elle-même, assez bien « conservée », pour affronter le grand jour ?

On se figurerait difficilement l’effet que l’affiche de César Cascabel avait produit dans la ville, sans parler du tambour de Clou-de-Girofle, qui, une heure durant, alla battre à travers les rues ses ras et ses flas les plus extraordinaires. Il y avait de quoi réveiller toutes les Russies à la fois !