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compter ce que donnerait la pêche. Pour l’eau douce, sans compter non plus ce que donnerait la pluie, en la ménageant, il y en avait pour une semaine.

Dans ce délai, avoir rallié une terre quelconque, soit aux Antilles, soit aux Bermudes, était-il permis de l’espérer ?…

Non, assurément. L’Alert avait dû être rejeté très au large et plutôt dans le sud-est, ce qui l’écartait des Bermudes. Aussi, Will Mitz chercherait-il à gagner soit une des îles de l’Antilie, soit une des côtes américaines du Brésil, du Venezuela ou des Guyanes.

Mais c’était plutôt sur la rencontre d’un navire qu’il fondait quelque espoir de salut.

Telle était la situation dans cette soirée du 26 septembre. La nuit approchait, et l’obscurité serait bientôt complète. Au coucher du soleil, l’aspect de l’horizon n’avait point paru mauvais, plutôt embrumé de vapeurs que chargé de nuages à l’est comme à l’ouest. La mer tombait graduellement, les lames se balançaient en longues houles. Le souffle des alizés continuait à se faire sentir, ce qui permettait de conserver la voile. Pour éclairer la route, il ne fallait pas compter sur la lune, qui était nouvelle ; mais, entre