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retomba sur la dunette avec une telle violence qu’il faillit la défoncer. Puis, précipité sur le pont, après avoir enlevé le petit canot suspendu à l’arrière, il brisa tout sur son passage, les cages à poules, les deux barils d’eau douce amarrés au pied du grand mât ; puis, arrachant la seconde embarcation de ses pistolets, il l’entraîna par-dessus bord.

Il ne restait plus qu’un seul canot, celui dans lequel les passagers avaient tenté de fuir une première fois. D’ailleurs, il n’aurait pu leur servir, et cette mer démontée l’eût englouti en un instant.

Au fracas qui fit trembler le navire jusque dans l’emplanture des mâts, Louis Clodion et quelques autres s’élancèrent hors de la dunette.

Alors la voix de Will Mitz se fit entendre au milieu du sifflement des rafales.

« Rentrez… rentrez !… criait-il.

— N’y a-t-il plus d’espoir de salut ?… demanda Roger Hinsdale.

— Si… avec l’aide de Dieu, répondit Will Mitz. Lui seul peut nous sauver… »

En ce moment un horrible déchirement se fit entendre. Une masse blanchâtre passa entre la mâture comme un énorme oiseau