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le navire était pourvu. À l’avant, Will Mitz fit hisser un des focs, et, à l’arrière, au mât d’artimon, un tourmentin triangulaire, assez solide pour résister à la violence de l’ouragan.

Et toujours l’immensité déserte !… Pas une voile au large !… Et, d’ailleurs, eût-il été possible d’accoster un navire, de mettre une embarcation à la mer ?…

Will Mitz vit bientôt qu’il faudrait renoncer à lutter contre le vent. Impossible de se maintenir ni au plus près, ni à la cape. Mais l’Alert avait « de la fuite », comme disent les marins, et ne risquait pas de s’affaler sur une côte d’où il n’aurait pu se relever. Il est vrai, c’était tout l’Atlantique qui s’ouvrait devant lui, et, en peu de temps, un millier de milles le sépareraient des Indes occidentales.

La barre dessous, le navire pivota, horriblement secoué, et, après avoir été assailli de lames déferlantes, risquant d’embarder sur un bord ou sur l’autre, il courut vent arrière.

Cette allure est des plus dangereuses, lorsque le bâtiment ne parvient pas à devancer les lames, lorsque sa poupe est menacée de coups de mer. La barre est extrê-