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doublèrent leurs efforts pour s’échapper de la cale. Des coups violents retentirent sur les parois du poste, contre les panneaux du pont. Des hurlements de colère les accompagnaient. D’ailleurs, au premier qui eût paru, Will Mitz eût cassé la tête d’une balle de revolver.

Par malheur, la chance ne se déclara pas pour les passagers de l’Alert. On ne vit rien de leurs signaux, on n’entendit rien de leurs décharges. Une demi-heure plus tard, le steamer, éloigné de cinq à six milles, disparaissait à l’horizon.

Will Mitz, revenant au vent, reprit alors sa bordée vers le sud-ouest.

Pendant l’après-midi, l’Alert ne fit que louvoyer en gagnant peu. L’apparence du ciel n’était point rassurante. Les nuages s’épaississaient au couchant, le vent fraîchissait, la mer devenait très dure, et les lames commençaient à déferler au-dessus du gaillard d’avant. S’il ne survenait pas quelque accalmie, Will Mitz ne pourrait pas continuer à tenir le plus près, à moins de diminuer la voilure. Il était donc de plus en plus inquiet, tout en s’efforçant de dissimuler son inquiétude. Mais Louis Clodion, Roger