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Vers sept heures, M. Patterson parut sur le pont, vint à Will Mitz, et lui serra la main.

« On ne voit pas encore la terre ?… demanda-t-il.

— Pas encore, monsieur Patterson.

— Elle est toujours dans cette direction ?… ajouta-t-il en désignant l’ouest.

— Toujours. »

De cette réponse, rassurante, il fallait bien que M. Patterson se contentât. Toutefois son imagination très surexcitée lui laissait entrevoir des retards considérables… Et si le navire ne parvenait point à rallier la Barbade ou toute autre île de l’Antilie, s’il était rejeté au large, si quelque tempête se déchaînait, que deviendrait-il sans capitaine, sans équipage ?… Le pauvre homme ne se voyait-il pas entraîné jusqu’aux extrêmes limites de l’0céan… jeté sur quelque rivage désert de la côte africaine… abandonné pendant des mois, et, qui sait, des années ?… Et alors, Mrs Patterson, ayant toute raison de se croire veuve, après l’avoir pleuré comme il convenait… Oui ! ces navrantes hypothèses se présentaient à son esprit, et ce n’est ni dans Horace ni dans Virgile qu’il