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la voile, contourner la pointe de l’anse Farmar, donner dans le goulot, et, même en courant quelques bordées, se trouver avant le lever du soleil au large de la baie de Cork… Non ! il était là, sur son ancre, immobile comme une bouée ou un corps-mort, et n’ayant rien à espérer d’un appareillage effectué dans ces conditions !

Donc, attendre en rongeant son frein et sans espoir que la situation se modifierait lorsque le soleil déborderait des hauteurs de l’anse Farmar !

Deux heures se passèrent. Ni Harry Markel ni John Carpenter ni Corty n’avaient songé à prendre un instant de sommeil, tandis que leurs compagnons dormaient pour la plupart, étendus à l’avant le long des bastingages. L’aspect du ciel ne se modifiait point. Les nuages ne se déplaçaient pas. Si parfois un léger souffle arrivait du large, il cessait presque aussitôt, et rien n’indiquait que la brise dût prochainement s’établir, soit du côté de la mer, soit du côté de la terre.

À trois heures vingt-sept, alors que quelques lueurs commençaient à blanchir l’horizon de l’est, le canot, au bout de sa bosse, drossé par le jusant, vint heurter la coque de