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LE SAUVETAGE.

se trouvait dans l’ouest, à quelques minutes de l’endroit même où le projectile avait disparu sous les flots.

La direction de la corvette fut donc donnée de manière à gagner ce point précis.

À midi quarante-sept minutes, on eut connaissance de la bouée. Elle était en parfait état et devait avoir peu dérivé.

« Enfin ! s’écria J.-T. Maston.

— Nous allons commencer ? demanda le capitaine Blomsberry.

— Sans perdre une seconde », répondit J.-T. Maston.

Toutes les précautions furent prises pour maintenir la corvette dans une immobilité presque complète.

Avant de chercher à saisir le projectile, l’ingénieur Murchison voulut d’abord reconnaître sa position sur le fond océanique. Les appareils sous-marins, destinés à cette recherche, reçurent leur approvisionnement d’air. Le maniement de ces engins n’est pas sans danger, car, à vingt mille pieds au-dessous de la surface des eaux et sous des pressions aussi considérables, ils sont exposés à des ruptures dont les conséquences seraient terribles.

J.-T. Maston, Blomsberry frère, l’ingénieur Murchison, sans se soucier de ces dangers, prirent place dans les chambres à air. Le commandant placé sur sa passerelle, présidait à l’opération, prêt à stopper ou à haler ses chaînes au moindre signal. L’hélice avait été désembrayée, et toute la force des machines portée sur le cabestan eut rapidement ramené les appareils à bord.

La descente commença à une heure vingt-cinq minutes du soir, et la chambre, entraînée par ses réservoirs remplis d’eau, disparut sous la surface de l’Océan.

L’émotion des officiers et des matelots du bord se partageait maintenant entre les prisonniers du projectile et les prisonniers de l’appareil sous-marin. Quant à ceux-ci, ils s’oubliaient eux-mêmes, et, collés aux vitres des hublots, ils observaient attentivement ces masses liquides qu’ils traversaient.

La descente fut rapide. À deux heures dix-sept minutes, J.-T. Maston et ses compagnons avaient atteint le fond du Pacifique. Mais ils ne virent rien, si ce n’est cet aride désert que ni la faune ni la flore marine n’animaient plus. À la lumière de leurs lampes munies de réflecteurs puissants, ils pouvaient observer les sombres couches de l’eau dans un rayon assez étendu, mais le projectile restait invisible à leurs yeux.

L’impatience de ces hardis plongeurs ne saurait se décrire. Leur appareil étant en communication électrique avec la corvette, ils firent un signal