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à stockholm.

Aux « snorgas » succéda un dîner qui aurait épouvanté un estomac français par sa solidité massive, et qui aurait pu par son abondance apaiser l’appétit d’un bataillon d’infanterie après une étape de vingt-huit kilomètres : soupe au poisson, pain de ménage, oie farcie de marrons, bœuf bouilli et flanqué d’une montagne de légumes, pomme de terre en pyramide, œufs durs à la douzaine, pudding au raisin secs en grappe, — tout fut gaillardement attaqué et démantelé.

Ce copieux repas terminé presque sans mot dire, on passa dans le parloir, vaste salle boisée, à six fenêtres, dont les embrasures fermées par de lourds rideaux de drap auraient suffi à un architecte parisien pour y établir un appartement complet. Le docteur s’installa au coin du feu dans un grand fauteuil de cuir ; Kajsa se mit à ses pieds sur un tabouret, tandis qu’Erik, intimidé et mal à l’aise, s’approchait d’une fenêtre et avait bonne envie de se réfugier dans les profondeurs obscures de ce réduit. Mais le docteur ne lui en laissa pas le temps.

« Eh bien, garçon, viens donc te chauffer, cria-t-il de sa voix sonore, et dis-nous un peu ce que tu penses de Stockholm ?

— Les rues sont bien noires, bien étroites, et les maisons bien hautes, dit Erik.

— Oui, un peu plus hautes qu’à Noroë, répondit le docteur en riant.