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le val-féray. — conclusion.

avait été un peu trop maladroite en rebutant un soupirant aussi distingué, et qu’il faudrait à l’avenir lui montrer plus de considération.

Mais Erik, chose singulière, n’avait plus d’yeux pour elle depuis qu’il se sentait au-dessus de ses injustes dédains. Soit que l’absence et les réflexions de ses nuits de quart lui eussent ouvert les yeux sur la sécheresse de cœur de Kajsa, soit que la satisfaction de ne plus être à ses yeux un misérable « enfant trouvé » lui suffit — il ne lui accordait plus aujourd’hui que la part de stricte courtoisie à laquelle elle avait droit comme jeune fille et comme nièce du docteur Schwaryencrona.

Toutes ses préférences étaient pour Vanda, qui véritablement devenait de plus en plus charmante, en achevant de perdre ses petites gaucheries villageoises sous le toit d’une femme aimable et distinguée. Son exquise bonté, sa grâce native, sa simplicité parfaite la faisaient aimer de quiconque l’approchait. Elle n’avait pas passé huit jours au Val-Féray, que Mme  Durrien déclarait hautement qu’il lui serait désormais impossible de se séparer d’elle.

Erik se chargea d’arranger tout en décidant maaster Hersebom et dame Katrina à laisser Vanda en France, sous la condition expresse que, chaque année, elle irait avec lui les embrasser à Noroë. Il avait bien songé à garder en Bretagne toute sa famille adoptive, et offrait même d’y faire transporter de toutes pièces, au bord de la rade de