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l’épave du cynthia.

— N’aviez-vous jamais soupçonné son intervention dans ces drames successifs ? demanda M. Bredejord.

— Je l’avais certes soupçonnée, c’était trop naturel, et une pareille accumulation de prétendus accidents, tournant tous au même but, était malheureusement trop claire. Mais comment donner un corps à mes soupçons et surtout comment les établir en justice ? Je n’avais sur le fait que des données trop vagues. Je savais par expérience combien peu il faut compter sur les tribunaux dans les contestations internationales. Et puis, j’avais à consoler, tout au moins à distraire ma fille, et un procès n’aurait fait que raviver ses douleurs, sans compter que la cupidité seule en aurait paru le mobile ! Bref, je me résignai en silence. Ai-je eu tort ? Faut-il le regretter ? Je ne le crois pas, et je reste convaincu que je n’aurais obtenu aucun résultat. Voyez comme il nous est difficile, encore aujourd’hui, et même en réunissant toutes nos impressions, tous les faits à notre connaissance, d’arriver à une conclusion précise !

— Mais comment s’expliquer dans tout cela le rôle de Patrick O’Donoghan ? reprit le docteur Schwaryencrona.

— Sur ce point comme sur beaucoup d’autres, nous en sommes évidemment réduits aux conjectures ; mais il me semble qu’en voici une assez plausible. Cet O’Donoghan, novice à bord du Cynthia, attaché au service personnel du capitaine, était en rapports constants avec les passa-