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l’épave du cynthia.

kaïak ; mais enfin nous avons pu nous traîner hors de leur portée et attendre le jour !… Ce matin, M. Jones m’a quitté pour aller voir s’il pouvait trouver à tuer un phoque ou quelque oiseau de mer pour notre nourriture. Je ne l’ai plus revu…

— Ce M. Jones est un officier de l’Albatros ? demanda Erik.

— C’est le propriétaire et le capitaine, répondit O’Donoghan d’un ton où perçait quelque surprise de la question.

— Le propriétaire n’est donc pas M. Tudor Brown ?

— Je… je ne sais pas », dit en hésitant le blessé, qui parut se demander s’il ne s’était pas trop avancé en parlant comme il l’avait fait.

Erik ne crut pas devoir insister sur ce point. Il avait tant d’autres choses à demander !

« Voyons, dit-il à l’Irlandais en s’asseyant sur la neige auprès de lui, vous avez refusé l’autre jour de venir à mon bord causer avec moi, et ce refus a déjà causé bien des malheurs ! Mais, à présent que nous sommes réunis, profitons-en pour parler sérieusement et en gens raisonnables ! Vous voici sur une banquise flottante, blessé, sans vivres, incapable d’échapper par vous-même à la mort la plus cruelle !… Mon père adoptif et moi, nous avons ce qui vous manque, des vivres, des armes, du brandevin ! Nous ne demandons qu’à vous soigner, à partager toutes ces choses avec vous et à vous remettre sur pied !… En échange de nos soins, ne