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coups de fusil.

mot anglais « drink » — à boire — semblait dominer. On était encore loin du dépôt de vivres. Erik prit le parti de s’arrêter, d’adosser le malheureux contre un hummock sur le lit de neige et de lui mettre aux lèvres sa bouteille de cuir.

Elle était presque vide, mais la gorgée d’eau-de-vie que but O’Donoghan sembla lui rendre la vie. Il regarda autour de lui, poussa un profond soupir et dit :

« Où est Jones ?…

— Nous vous avons trouvé seul au bord de la banquise, lui dit Erik. Y a-t-il longtemps que vous étiez là ?

— Je ne sais pas, répliqua le blessé avec effort. Donnez-moi encore à boire ! » reprit-il en fixant ses yeux sur ceux d’Erik.

Il avala une seconde gorgée d’eau-de-vie et retrouva la force de parler.

« Quand la tempête a éclaté, expliqua-t-il, le yacht allait couler bas. Quelques-uns des hommes ont eu le temps de se jeter dans les embarcations, les autres ont péri. Dès le premier moment, M. Jones m’avait fait signe d’aller avec lui dans un petit « kaïak » de sauvetage, suspendu à l’arrière, et que tout le monde dédaignait à cause de ses faibles dimensions, mais qui s’est trouvé insubmersible !… C’est le seul qui soit arrivé à la banquise !… Toutes les chaloupes ont chaviré avant d’y accoster ! Nous avons été terriblement meurtris sur le drift-ice, quand les lames y ont jeté notre