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coups de canon

ment pas manqué, si elle n’avait été renforcée en vue de ces pressions terribles.

Erik, résolu à ne pas du moins succomber sans lutte, avait dès le premier moment employé son équipage à établir autour du navire un revêtement vertical de lourdes poutres, destinées à atténuer autant que possible les pressions en les répartissant sur une plus large surface. Mais ces étais, s’ils eurent pour effet immédiat de protéger la coque, ne tardèrent pas à amener un résultat imprévu et qui menaçait d’être fatal.

Le navire, au lieu de subir un écrasement, se trouva soulevé hors de l’eau à chaque mouvement de la banquise, pour retomber sur les glaces avec la force d’un marteau-pilon. D’un moment à l’autre, dans une de ces chutes effroyables, il pouvait être fracassé, couler bas, disparaître. Or, pour parer à ce danger, il n’y avait qu’une ressource, c’était de renforcer sans relâche la barrière de « drift-ice » et de neige qui protégeait tant bien que mal la coque, de manière qu’elle fît partie d’une masse à peu près homogène et pût en suivre les va-et-vient.

Tout le monde s’y employait avec ardeur. Ce fut un spectacle émouvant de voir cette poignée d’hommes faire appel à leurs muscles de pygmées pour résister aux puissances de la nature, essayer, avec des ancres, des câbles, des planches, de recoudre à la hâte les déchirures faites à la glace, combler ces coutures avec de la neige, jusqu’à ce