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de serdze-kamen à ljakow.

revenir en Suède, et, à côté de l’intérêt poignant qui poussait Erik à la prendre, il y avait un véritable intérêt scientifique à refaire en sens inverse le trajet accompli par Nordenskjöld. Si l’on réussissait — et pourquoi ne pas réussir ? —, ce serait la preuve et l’application pratique du principe posé par le grand explorateur.

La brise se mit de la partie et voulut aussi favoriser l’Alaska. Pendant dix jours, elle souffla presque constamment du sud-est, et permit de courir neuf à dix nœuds en moyenne, sans brûler de charbon. C’était un précieux avantage, outre que la direction des vents avait pour objet de refouler vers le nord les glaces flottantes et, par suite, de rendre la navigation beaucoup plus facile. C’est à peine si, dans ces dix jours, on rencontra quelques paquets de drift-ices, ou de glace pourrie, comme les marins arctiques appellent les résidus à moitié fondus des banquises hivernales.

Le onzième jour, il est vrai, on eut une tempête de neige, suivie de brumes assez intenses, qui retardèrent sensiblement la marche de l’Alaska. Mais, le 29 juillet, le soleil reparut dans tout son éclat, et, le 2 août, au matin, la pointe orientale de l’île Ljakow fut signalée.

Erik donna aussitôt l’ordre de la contourner, à la fois pour vérifier si l’Albatros ne se cachait pas dans quelque crique, et pour embosser l’Alaska sous le vent de l’île. Sa reconnaissance opérée, il fit jeter l’ancre sur un fond de sable, à trois milles