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le plus court chemin.

naissance. Et c’est pourquoi, sans relâche, il cherchait à rompre le cercle de glace dans lequel il se trouvait enfermé. Excursions en traîneau, courses en « schnee-shuhe » jusqu’au bord de l’horizon, reconnaissances en chaloupe à vapeur — pendant dix jours, il essaya de tout sans arriver à trouver une issue. À l’ouest, comme au nord et à l’est, la banquise restait fermée.

On était au 26 juin et si loin encore de la mer de Sibérie ! Fallait-il s’avouer vaincu ? Erik ne le voulut pas. Des sondages répétés lui avaient révélé l’existence sous les glaces d’un courant dirigé vers le détroit de Franklin, c’est-à-dire vers le sud ; il se dit qu’un effort, même disproportionné, suffirait peut-être à provoquer la débâcle, et résolut de le tenter.

Sur une longueur de sept milles marins, il fit creuser dans la banquise une chaîne de chambres de mine, espacées de deux à trois cents mètres, et qui reçurent chacune un kilogramme de dynamite. Ces chambres furent reliées par un fil de cuivre à gaine isolante en gutta-percha. Et, le 30 juin, à huit heures du matin, Erik, du pont de l’Alaska même, mit le feu aux poudres en pressant le bouton d’un appareil électrique.

Une explosion formidable retentit aussitôt dans l’air. Cent volcans de glace pilée jetèrent à la fois leur gerbe vers le ciel. La banquise frémit et s’agita comme par l’effet d’un tremblement sous-marin. Des nuées d’oiseaux de mer, terrifiés, se mirent