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appuyons au sud-ouest.

leurs cabines. Le commandant, qui s’était pendant quelques minutes promené de long en large sur le pont, fit bientôt comme eux.

Il était à peine arrivé dans sa chambre, quand Erik en personne s’y présenta.

« Commandant, dit le jeune homme, je viens d’entendre à bâbord des bruits suspects ! On dirait des lames qui se brisent sur les rochers !… Je me crois en conscience obligé de vous dire qu’à mon estime nous suivons une route dangereuse !…

— Décidément, Monsieur, vous avez l’inquiétude tenace, s’écria le commandant. Quel danger pouvez-vous craindre tant que nous avons ce feu à trois bons milles de nous, si ce n’est quatre ? »

Et, d’un doigt impatient, il montrait sur la carte, toujours étalée sur son bureau, l’île de Sein, qui se dressait comme une sentinelle avancée à la pointe extrême du musoir breton.

Erik suivit la direction de ce doigt. Il vit clairement qu’en effet aucun danger n’était signalé aux abords de l’île taillée à pic et entourée d’eaux profondes. Rien ne pouvait être, aux yeux d’un marin, plus rassurant et plus décisif. Pourtant, ce n’était pas une illusion, non plus, ces bruits de lames brisées qu’il avait perçues à sa gauche, c’est-à-dire sous le vent, et conséquemment à une faible distance.

Chose bizarre, qu’Erik osait à peine se dire à lui-même, il lui semblait ne pas reconnaître, dans les profils de côtes qu’il avait sous les yeux, l’image