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appuyons au sud-ouest.

et jusqu’aux directions à suivre y étaient marqués par le menu. Avec une carte pareille et une boussole, il semblait qu’un enfant même eût pu guider le plus gros navire dans ces parages pourtant si périlleux, où naguère encore un officier distingué de la marine française, le lieutenant Mage, l’explorateur du Niger, vint se perdre corps et biens avec tous ses compagnons de la Magicienne, après le Sané et tant d’autres.

Le hasard voulait que le commandant Marsilas n’eût jamais navigué dans ces eaux. En fait, la nécessité seule de relâcher à Brest l’y avait amené, sans quoi il eût passé fort au large. Aussi ne pouvait-il se fier qu’à une étude attentive de la carte du soin de rester en bonne route. Mais la chose semblait des plus simples. Laissant sur sa gauche la Pointe-du-Van, le Bec-du-Raz et l’île de Sein, séjour légendaire des neuf Druidesses, presque toujours voilé par la poussière des lames mugissantes, il n’avait qu’à courir droit à l’ouest, pour virer au sud quand il se trouverait au large. Le feu fixe de l’île indiquait nettement sa position, et, d’après la carte, à moins d’un quart de mille à l’ouest de ce feu, l’île finissait à pic par de hautes falaises, bordée par la mer libre à des profondeurs qui atteignaient rapidement cent mètres. Ce point de repère étant précieux par une nuit aussi sombre, le commandant, après un examen minutieux de la carte, se décida à le ranger de plus près qu’il n’aurait fait peut-être en plein jour, c’est-à-dire à trois