Page:Verne, Laurie - L’Épave du Cynthia.djvu/180

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

172
l’épave du cynthia.

noghan paraissait être vivant. Mais où était la preuve de la mauvaise foi de Tudor Brown en cette affaire, voilà ce que le comité demanderait à juste titre avant de refuser une somme qui le tirait d’embarras. Tudor Brown pouvait fort bien soutenir qu’il avait été sincère. Sa démarche présente semblait le prouver. Peut-être son but était-il uniquement d’aller, lui aussi, vérifier comment Patrick O’Donoghan, qu’il croyait noyé par le travers de Madère, se trouvait sur la côte de Sibérie. En supposant même d’autres projets chez Tudor Brown, il pouvait y avoir un intérêt à le surveiller, à le connaître, à l’avoir sous la main. Car, enfin, de deux choses l’une : ou il n’avait rien à démêler avec l’enquête qui occupait depuis si longtemps les amis d’Erik, et alors il était inutile de le traiter en adversaire ; ou, au contraire, il avait un intérêt personnel dans cette affaire si obscure, et alors mieux valait cent fois le voir agir pour le combattre.

Le docteur et M. Bredejord commencèrent donc par se décider à ne pas s’opposer à son embarquement. Puis, graduellement, ils furent pris du désir d’étudier par eux-mêmes cet homme singulier et de savoir pourquoi il prenait passage sur l’Alaska. Or, comment y arriver sans s’embarquer comme lui ? Ce ne serait pas si absurde, après tout ! L’itinéraire de l’Alaska était bien séduisant, au moins dans sa première partie. Bref, le docteur Schwaryencrona, grand amateur de voyages, demanda à partir comme passager, ne fût-ce que pour