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l’épave du cynthia.

content de te voir et d’être sûr que tu n’es pas en mer !… J’allais précisément m’en enquérir !… Le baromètre a baissé avec une telle rapidité depuis une demi-heure !… Je n’ai jamais vu chose pareille. Il est actuellement à 718 millimètres. Nous allons sûrement avoir un changement de temps ! »

M. Malarius n’avait pas achevé qu’un grondement lointain, suivi d’une sorte de piaulement lugubre, déchira les airs. Le ciel, qui s’était presque instantanément couvert dans la direction de l’ouest d’une tache d’un noir d’encre, s’obscurcit de tous côtés avec une rapidité prodigieuse. Puis, tout à coup, après un intervalle de silence complet, les feuilles d’arbre, les brins de paille, le sable, les cailloux furent balayés sur le sol par une rafale. L’ouragan arrivait.

Il fut d’une violence inouïe. Les cheminées, les volets des fenêtres, en certains endroits les toitures même, étaient emportés comme des plumes. Des maisons s’effondraient. Tous les hangars sans exception furent enlevés et détruits par le vent. Dans le fjord, ordinairement aussi calme qu’un puits au cours des plus terribles tempêtes du large, des lames énormes se formaient et venaient se briser sur la côte avec un fracas étourdissant.

Le cyclone fit rage pendant une heure, puis, arrêté par les hauts sommets de la Norvège, s’infléchit au sud et s’en alla balayer l’Europe continentale. Il est resté dans les annales de la météorologie comme un des plus extraordinaires et des