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ses besoins réels à des besoins fantastiques que l’on décore du nom de besoins religieux[1]. »

C’est ainsi que les systèmes théocratiques en sont venus à réaliser l’enfer sur la terre. — « Ne cherchez pas l’enfer hors du monde, » disait déjà le poëte latin Lucrèce, « c’est dans la société qu’il se trouve. »

C’est donc dans la société qu’il faut attaquer et détruire l’enfer ; et ce n’est pas hors de ce monde, mais dans la société aussi qu’il faut réaliser le ciel.

L’ignorance et la misère des hommes a été l’origine de tous les cultes et de toutes les religions. Ce n’est pas Dieu qui a fait les hommes à son image, car il les aurait faits parfaits du premier coup ; mais ce sont les hommes qui ont fait Dieu à leur image, comme l’atteste la grossièreté des premiers symboles religieux de l’humanité. A mesure que l’homme s’est perfectionné, à mesure que son idéal s’est élevé, des types religieux plus parfaits ont apparu dans le monde. La marche du développement de la religion n’est autre chose que la marche du développement de l’humanité et du développement de la science. « Les religions, »

  1. Feuerbach, la Religion, trad. de l’allemand par Joseph Roy. Librairie internationale.