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LE PARTI SOCIALISTE.

un instrument entre les mains du despotisme. C’est ainsi qu’il est devenu le plus grand obstacle à la liberté ? Pourquoi ? Parce que l’égalité sociale n’existe pas ; parce que la masse du peuple, abrutie par l’ignorance et par la misère n’est pas capable de s’élever à la notion de l’exercice de ses droits politiques ; parce que les travailleurs ; fussent-ils même capables de comprendre la liberté, sont placés sous la dépendance étroite de leurs patrons, et ils ne pourraient tenter de se soustraire à cette dépendance, sans compromettre leur pain quotidien, et le pain de leurs femmes et de leurs enfants.

C’est ici qu’éclate l’erreur profonde de ceux qui ont voulu séparer la question politique de la question sociale, la liberté de l’égalité.

La vérité est que l’égalité est la condition indispensable de la liberté.

La réalisation du suffrage universel a été une satisfaction donnée à ceux qui croient que la solution de la question politique doit précéder la discussion de la question sociale.

La politique a dit son dernier mot et elle a réalisé sa dernière conquête par la proclamation du suffrage universel[1] ; et si le suffrage universel qui

  1. « La question politique, écrivait Lamennais, sous le gouver-