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« Que les rois tombent, et aussitôt tomberont les armées, comme l’eau cesse bientôt de couler quand la source tarit. »

Proudhon a exprimé la même idée avec une force non moins grande : « Les rois peuvent aiguiser leurs sabres et préparer leur dernière campagne. La Révolution du dix-neuvième siècle a pour tâche suprême, bien moins encore d’atteindre leur dynastie que de détruire jusqu’au germe de leur institution. Nés de la guerre, formés par la guerre, soutenus par la guerre intérieure et extérieure, quel pourrait être leur rôle dans une société de travail et de paix ? »

Cela est si vrai, il est si vrai que les armées permanentes sont les derniers auxiliaires du despotisme ébranlé sur ses bases par la Révolution, que les gouvernements n’ayant plus l’occasion de les employer à la guerre extérieure ni à la défense des frontières qui ne sont menacées par aucun danger, les emploient à étouffer à l’intérieur les revendications du peuple.

« La situation du pays impose à l’armée à l’intérieur des devoirs impérieux, sacrés, qu’elle a déjà su et qu’elle saura remplir encore, » disait en 1849 le maréchal Bugeaud. « Cette tâche n’est pas moins glorieuse que l’autre. Les grandes armées semblent avoir aujourd’hui cette mission en Europe. »