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LE PARTI SOCIALISTE.

la pensée, des aspirations politiques et sociales ; les frontières ont disparu, grâce aux développements des voies de communication et de l’esprit de sociabilité, grâce surtout au rapprochement des intérêts.

Ce n’est plus désormais par la conquête que les peuples développent leur puissance, mais par l’échange des idées et des produits. Et comme l’échange, au moyen des traités de commerce, se fait sur un pied d’égalité entre les nations, la conquête n’aurait plus de raison d’être. Toutes guerres en Europe seraient de véritables guerres civiles. C’est bien cette révolution pacifique qui rend nécessaire la transformation des gouvernements, organisés surtout en vue des antagonismes extérieurs, en vue de la guerre et de la conquête.

« Si les peuples ne sont plus ennemis, demande M. de Girardin[1], pourquoi donc les armées permanentes ?

« S’il n’y a plus d’hostilité entre les peuples, comment donc expliquer qu’ils dépensent tant d’argent pour entretenir des armées inutiles ?

« Cela s’explique par l’intérêt des rois, qui n’auraient plus de raison d’exister et qui n’existeraient plus en effet s’il n’y avait plus d’armées.

  1. Questions de mon temps. T. IX, p. 770.