Page:Vermorel - Le Parti socialiste.djvu/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui est entourée de voisins puissants, criblée de factions sourdes et ulcérées, tout citoyen doit être soldat et tout soldat citoyen… J’établis pour axiome qu’en France tout citoyen doit être soldat et tout soldat citoyen, ou nous n’aurons jamais de constitution[1]. »

C’est là un principe essentiel et fondamental qui n’admet point de dispense : « Si vous tolérez une fois les remplacements, tout est perdu ; de proche en proche tous les riches voudront se soustraire au service personnel, et les pauvres resteront seuls chargés de cette fonction, si noble pour un peuple libre ; alors le métier des armes retombera dans son avilissement, le despotisme en profitera, et vous redeviendrez esclaves. »

« Mais il n’en résulte pas, poursuit Dubois-Crancé, que nous devions arracher sans cesse aux travaux de l’agriculture et du commerce, ni aux autres fonctions utiles que ce vaste empire offre à l’industrie, des bras essentiels. Eh ! à quoi servirait la liberté, si on tarissait les sources du bonheur ? »

Voilà donc le système qu’il propose : un front de troupes réglées, établies sur les frontières, recru-

  1. Dans notre système politique les citoyens ne sont pas soldats, et les soldats ne sont pas citoyens. Voilà pourquoi nous n’avons pas de constitution, c’est-à-dire pas de véritable liberté