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Le prince Louis-Napoléon (aujourd’hui l’empereur Napoléon III) flétrissait autrefois avec énergie, dans le Progrès du Pas-de-Calais, « ce trafic, qu’on peut appeler la traite des blancs, et qui se résume par ces mots : Acheter un homme quand on est riche pour se dispenser du service militaire, et envoyer un homme du peuple se faire tuer à sa place. »

Tant qu’un tel système restera une des bases fondamentales de notre organisation politique, il

    puis pas emprunter 3000 fr. sur les produits futurs de mon travail, je suis forcé, à vingt ans, de suspendre ma carrière commencée, de quitter ma famille, ma maison, mon champ, ma fiancée ; et près de moi, dans le château, dans l’hôtel voisin, un jeune homme du même âge, dont l’extrait de naissance a été tracé sur la même feuille que le mien et par la main du même commis, à qui les ressources accumulées par un travail qui n’est pas même le sien ont créé un privilège, restera libre dans ses loisirs ; alors que moi, dont le labeur représente une partie du bien-être, du nécessaire des miens, de mon bien-être et de l’aisance de mon ménage, de mes enfants dans l’avenir, je devrai défendre, pour le plus grand bien des loisirs de ce voisin privilégié, les conditions de l’ordre intérieur et l’indépendance de la patrie commune.
      « Si l’impôt du sang est le plus lourd, pourquoi le faire peser uniquement sur les plus faibles ?...
      « Et vous trouvez que vous paralysez ainsi les instincts révolutionnaires, en maintenant les dernières traces des antagonismes, les derniers ferments de rancune ?
      « Non, vous les favorisez par un système aussi loin de l’équité que de la prudence. »