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C’est bien la clef de voûte du despotisme moderne. Le clergé enchaîne l’intelligence du peuple ; en lui prêchant l’abnégation, il rive les chaînes de son esclavage, et il donne à son infériorité sociale, à sa misère, à son abjection, une sorte de consécration divine.

Cette opinion est la négation la plus insolente de la liberté et de l’égalité qui sont les principes essentiels de la révolution.

Il faut le proclamer bien haut : le dogme religieux et la doctrine morale sont deux choses complètement distinctes. La morale est humaine et sociale, elle est d’ordre scientifique et primitif. La religion est d’ordre divin, elle procède de la révélation. Ces deux choses n’ont rien à voir ensemble, et l’histoire est là pour attester que, bien loin que la religion ait été en aucun temps l’auxiliaire de la morale, elle l’a au contraire toujours altérée et faussée.

La société peut être rassurée sur les conséquences de la liberté appliquée aux rapports de l’Église et de l’État ; la foi pourrait s’évanouir, les cultes pourraient disparaître sans que la morale publique et l’ordre social soient le moins du monde ébranlés.

C’est là véritablement le nœud de la question. En effet si la morale est indissolublement liée à la