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LE PARTI SOCIALISTE.

quence de la raison, une absence de logique ou une regrettable timidité.

Non, il y a un préjugé fondamental, un préjugé qui a des racines profondes dans le monde et qui tant qu’il subsistera rendra impossible toute réelle liberté religieuse, toute séparation sincère de l’Église et de l’État.

Ce préjugé c’est celui qui repose sur la confusion de la morale et de la religion.

C’est une opinion invétérée que la loi morale a sa source dans la religion.

Mais de la part de nos adversaires, qui sont des esprits émancipés, il y a pire : leur préjugé est un préjugé purement aristocratique.

Il faut une religion pour le peuple : les hommes qui ont une culture intellectuelle supérieure et probablement aussi un esprit d’une trempe privilégiée peuvent seuls se passer de religion. Voilà quel est le fond de leur pensée.

M. Jules Simon le laisse entendre clairement, dans le passage que nous avons déjà cité : « Enfin, ajoute-t-il, ce qui à mes yeux tranche la question, c’est que l’humanité a besoin pour sa consolation et son édification d’un culte public. »

C’est-à-dire : Il faut une religion pour le peuple afin de lui faire prendre sa misère en patience et de le contenir.