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LE PARTI SOCIALISTE.

La première préoccupation du gouvernement provisoire fut « d’associer la consécration du sentiment religieux au grand acte de la liberté reconquise, » et, à cet effet, il invita les ministres des cultes « à appeler la bénédiction divine sur l’œuvre du peuple. »

« Que signifiait ce baptême qu’allait chercher la Révolution de 1848 ? » demande M. Quinet dans son livre remarquable : l’Enseignement du peuple. « Le voici : En France, toute révolution qui reconnaît qu’elle n’a pas en soi une force morale assez grande pour soutenir et sauver la société est une révolution qui se livre. Déclarer qu’elle a besoin d’une autre puissance que la sienne, c’est tomber sous la dépendance de cette puissance étrangère. Rien, en un mot, ne peut corriger ce premier manque de foi. Quelle est la différence de la Révolution de 1789 et de celle de 1848 ? La première a cru qu’elle pouvait sauver le monde par sa propre énergie spirituelle ; elle a enfanté les grandes choses et les grands hommes que l’on connaît. La seconde a cru qu’elle ne pouvait sauver le monde si elle n’avait l’appui du prêtre. Elle est allée nécessairement aboutir à l’expédition romaine. »

« Le ministre de la religion et le maître d’école sont, à nos yeux, les deux colonnes sur lesquelles doit s’appuyer l’édifice républicain, disait M. Car-