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seul mot, je le jure. On y promet ensuite un objet déterminé.

« Or, d’abord, il est des hommes dans l’État qui ne croient pas à ces vérités fondamentales de l’existence de Dieu, de la providence divine, et qu’on ne peut contraindre d’y rendre hommage ; il y a des sectes religieuses qui ne permettent pas cette invocation de la divinité que suppose le serment, tels les quakers, les anabaptistes ; il y en a qui, quoique admettant les serments, n’en usent qu’avec une excessive réserve ; il en est enfin qui, pour mille raisons, peuvent trouver l’objet particulier sur lequel porte le serment en contradictions avec leurs idées religieuses. Le législateur ne saurait ici s’ériger en juge, prévoir toutes les opinions, y comparer ses formules, et s’assurer qu’il ne viole point par le serment qui lui paraît le plus pur la liberté des consciences.

« Pendant que le serment exige beaucoup des hommes qui professent une certaine religion, il n’impose rien aux hommes qui n’en professent aucune, et, sous ce rapport, il viole l’égalité politique : il a lié les uns et n’a pas lié les autres. Sous ce rapport encore se manifeste son inutilité : le législateur prétend l’employer comme garantie, et cette garantie n’atteint pas tous les citoyens ; elle est incertaine et bornée ; plus l’empire des opinions re-