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voyage en france par un français

bien qu’un peu moins — rétabli par ceux-là mêmes qu’avaient nommés les nouveaux collèges.

Il serait aussi superflu que fastidieux de suivre en des développements que chacun connaît la comédie du Suffrage Universel depuis son rétablissement en 1851.

Ce serait, aussi bien, prendre encore un coup sur le fait la sempiternelle bêtise humaine, cubée cette fois et agissant sur ce théâtre déplorable, la Patrie ! Nous préférons extraire de la contemplation d’un tel prodige d’avachissement toutes les mélancoliques moralités qu’elle implique.

D’abord ne vous saute-t-il pas aux yeux que ces deux mots Suffrage Universel, comparés avec la chose, mentent impudemment ? — En effet, la masse des électeurs étant un composé d’ignorance et d’étroit égoïsme, comment ne pas voir que ses votes seront toujours entachés, portassent-ils sur un seul nom, d’une insolente préoccupation de pur intérêt individuel, influencée par tel ou tel agent artificiel, corruption ou propagande. L’esprit de corps, sans lequel il n’est pas de société possible, à tel titre que le seul énoncé de cette vérité amène un sourire sur les lèvres les plus étourdies, l’esprit de corps, l’union, manquant dans les opérations électo-