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critique et conférences

soir, de Gautier, qui se démenait dans sa stalle comme aux beaux jours des gilets rouges et des cheveux mérovingiaques, c’était l’avis de Dumas, superbe d’attendrissement et d’expansion à chaque sursaut d’enthousiasme de la salle !

Quelle belle chose aussi que ce drame, en dehors de toute préoccupation d’école et de tradition ! Quel sublime cornélien mêlé à l’émotion shakspearienne avec ce je ne sais quoi de spécialement ému et sublime qui n’appartient qu’à Hugo ! Quoi de comparable dans le théâtre espagnol, si fier pourtant, à cette splendide scène des portraits ! Et ce cinquième acte, ne hausse t-il pas à la taille de Roméo et Juliette les deux amants du drame français !

Aussi, quels cris unanimes et mille fois répétés de vive Hugo ! pendant les entr’actes et à la sortie ! quelle furia d’admiration ! quelle joie délirante et quel bonheur véritable éclataient dans tous les yeux !

J’imagine que, le soir d’une grande bataille, l’enthousiasme n’est pas plus grand dans le camp vainqueur. Victoire, en effet, du grand Art sur le métier, des Poètes sur les faiseurs !

Guidés par les excellents conseils de M. Auguste Vacquerie, les acteurs ont été vaillants. Bressant a beaucoup d’insolence, de morgue et