Page:Verlaine - Œuvres posthumes, Messein, II.djvu/204

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
194
vive le roy !

Et je me réveillais dans ce même appareil
Dicté de loin par mon aïeul, le Roi Soleil !

Mais lui, Louis Quatorze, il eût, au gré des dires
De mes instituteurs, un début dans les pires :
Pauvre, presque en guenille et quasi prisonnier !
Et lui sut s’affranchir, sans nul lui dénier
L’espace et l’avenir qu’il fit siens pour sa race
Dont je suis pourtant !…
Ô de marcher sur sa trace,
De m’élancer aussi du plus près, au plus loin,
De plus haut en plus haut, ayant l’unique soin
De ma gloire et des torts vengés, bien vengés, quitte
À songer à de la clémence… par la suite !
De la clémence, il m’en sera besoin pourtant,
D’ailleurs cela doit être doux d’être content,
Sans plus haïr, de s’y plaire et de s’y complaire,
Ayant abdiqué tout souvenir de colère,
Et de s’entendre dire alentour qu’on est bon,
Généreux, digne enfin du grand nom de Bourbon !
Mais Bourbon, c’est Capet aujourd’hui. Que m’importe !
Capet, Bourbon, ça sonnera de même sorte
Quand je serai Louis XVII de mon vrai nom
Proclamé par la voix loyale du canon !

Ou plutôt, petit fou, tais ta voix pitoyable,
Ta voix qui fait pleurer mes yeux dans l’eirroyable
Demi-jour qui se lève et va grandir encor,
Daim chétif en sursaut au son rêvé du cor,
Prince pire qu’un orphelin, fils dérisoire