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souvenirs et promenades

de Baudelaire, depuis la maison de santé jusqu’à la nécropole, en passant par la toute petite église où fut dit un tout petit service d’après-midi. L’éditeur Lemerre et moi marchions les premiers derrière le corbillard que suivaient, parmi bien peu de gens, Louis Veuillot, Arsène Houssaye, Charles Asselineau et Théodore de Banville. Ces deux derniers prononcèrent quelques paroles d’adieu. Au moment où on descendait le cercueil dans le caveau, le ciel, qui avait menacé toute la journée, tonna, et une pluie diluvienne s’ensuivit. On remarqua beaucoup l’absence, à ces tristes obsèques, de Théophile Gautier, que le Maître avait tant aimé, et de M. Leconte de Lisle qui faisait profession d’être son ami, en dépit des relations, un peu ironiques de la part de Baudelaire, qui avaient existé entre le défunt et le barde créole. J’ai cru de quelque intérêt de vous envoyer ces notes qui ne me rajeunissent guère, bien que, je le répète, je fusse fort jeune à l’époque dont je parle. Faites de ma communication ce que vous voudrez, et vale.


Paris, 19 octobre 1890.