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MON 18 MARS 1871

I

Ah ! ce 18 mars ! Ce jour-là nous, toute la littérature ou peu s’en faut d’alors, tout l’art, nous suivions le corbillard de Charles Hugo, son père en tête, bien accablé. Le cortège attendait à la gare d’Orléans, très nombreux et très mêlé aussi. Après que, pour ma part entre tant d’autres, j’eus eu présenté mes hommages de condoléance au bon vieux Maître qui, je m’en souviendrai toujours, me baisa de sa barbe déjà blanche et si douce ! nous nous mîmes en marche par un temps bis, mais en somme beau et qui avait été superbe dès l’aube.

J’étais, quant à ce qui me concerne, à côté d’Edmond de Goncourt, encore tout meurtri de la mort de son frère, mais littéraire, en outre, en diable. Témoin ce dialogue entre lui et moi qui admirais les belles barricades se dressant et d’où sortaient de naïfs gardes nationaux tam-